Le jour où je suis passée de professionnelle à maman...

En tant que professionnelle de l’enfance, j'ai des connaissances théoriques et pratiques que je vous partage sur ce site depuis un moment déjà.
Forte de mon expérience professionnelle donc, je me lançais dans l’aventure de la maternité avec confiance et crainte à la fois…
Confiance, parce que la manipulation, les soins au nouveau-né (et à l’enfant en général) font partie de mon quotidien.
Crainte, parce que j’ai conscience de tout ce qui peut arriver de « mal », autant pendant la grossesse qu’une fois l’enfant né. Crainte aussi par l’aspect « vais-je être une bonne mère ? »
Ma ligne de conduite professionnelle, que se soit au cours de ma pratique à l’hôpital, en libéral, ou ici sur ce site, consiste à donner des explications pour que les parents puissent comprendre le pourquoi du comment, et ainsi agir en connaissance de cause. J’essaie le plus possible de ne pas dire directement « il faut faire comme-ci ou comme ça », car je ne trouve pas ça constructif, et cela rend les parents dépendants des professionnels au lieu de leur donner de l’autonomie.
J’étais assez sûre de moi concernant cette vision des choses, mais ce n’était qu'une intuition. Je n’ai compris le bien-fondé de cette approche que le jour où je suis devenue maman moi-même.
Quel bouleversement l’arrivée d’un bébé !
Je suis arrivée à la maternité avec toutes mes idées bien rangées dans ma tête, persuadée que « ça allait le faire »… ! J’avais tout faux ! Dès la première nuit, j’ai fait « tout ce que je savais qu’il ne fallait pas faire ». J’ai reçu à ce moment là un gros coup de massue, me prenant la réalité en pleine face. La réalité, c’est que quand on est parent, on fait ce qu’on peut ! J’avais beau en avoir une petite idée, le vivre est bouleversant. L’affectif rentre en jeu, ce qui n’est pas le cas quand on est du coté pro. La fatigue n’aidant pas, j’ai beaucoup culpabilisé, je n’arrivais pas à faire la part des choses.
Le retour à la maison et les premières semaines ont aussi été éprouvants, le début de l’allaitement a été laborieux, ma fille pleurait beaucoup, se réveillant dès que je voulais la poser, j’étais seule à gérer toute la journée, mon mari n’ayant pas pu prendre son congé paternité tout de suite.
Tous les jours je me demandais « est-ce que je fais bien », comment est-ce que « je devrais faire autrement pour que ça aille mieux »… Bien-sûr, je sais au fond de moi que je faisais bien, car je veux le meilleur pour mes enfants, et c’est bien là le plus important, mais cette remise en question et ce parallèle que je fais avec ma pratique professionnelle m’ont pas mal perturbée.
Alors même si mes débuts en tant que maman ont été très difficiles, j’en sors grandie. C’est douloureux de se remettre en question et de se sentir « nulle », mais ça permet d’avancer ! L’expérience de la maternité m’apporte une sensibilité différente, et je compte bien mettre cela à profit pour améliorer ma pratique professionnelle et vous accompagner encore mieux.
